Les pirates volent-ils les pauvres sinistrés d’Haïti ? Pour le RIAA, « L’album “Hope for Haiti Now” est désormais largement disponible sur des sites illicites comme The Pirate Bay, Torrentz et beaucoup d'autres. Ce qui met en lumière un côté vraiment immonde du piratage par P2P : détruire les efforts humanitaires de collecte de fonds pour Haïti. »
En publiant une telle charge sur son site Internet, la RIAA (Association de défense de l'industrie du disque américaine) a soulevé une vague de protestations sur Internet.
Mais en accusant ceux qui téléchargent illégalement “We Are The World” de porter atteinte à la collecte de fonds, l’organisme qui gère les intérêts des majors américains, laissent aussi entendre que l'industrie musicale elle-même réalise de gros bénéfices sur la vente des albums dit de charité.
Parmi les réactions, celles du site Numerama, pour qui « l'équation n'est pas forcément si simple ». Et de rappeler que l'album est bien moins téléchargé que les musiques les plus populaires du moment.
Alors, pirates sans coeur ou simple grain à moudre pour l'industrie du disque?
La version originale de “We Are The World”, qui a fêté cette semaine son 25ème anniversaire, a été le premier single à recevoir la certification multi-platine. Grâce aux millions de dollars récoltés dans le cadre de l'aide humanitaire, cette chanson détient toujours le record de l’oeuvre musicale la plus rapidement vendue aux États-Unis.
Les dizaines d’artistes, qui l’avaient interprétée, avaient renoncé à leurs droits, permettant ainsi de tirer le maximun des recettes pour l'Afrique. Dans une tentative de reproduire ce succès, un groupe de célébrités a enregistré “We Are the World 25 for Haiti”, après le séisme dévastateur, dans l'espoir d'amasser des fonds pour aider les sinsitrés dans le besoin.
Bien que la plupart des gens se rendent compte que faire un don directement à Médecins Sans Frontières ou à la Croix-Rouge est un geste plus efficace de faire un don, cela n’avait pas empêché l'initiative de connaître un certain succès. Malgré tout la RIAA, récemment sur son blog, a accusé les pirates de « voler » cette campagne de collecte de fonds. Où est la vérité dans cette affaire ?
En réponse à cette accusation de RIAA, la lettre d’information Music Ally a déterré quelques chiffres, pour constater que comparée aux singles les plus populaires, la chanson accuse un nombre de téléchargements plus bas. En dehors de cela, on peut se demander si ceux qui ont téléchargé la chanson aurait payé si elle n'était pas disponible sur BitTorrent. Peut-être ont-ils déjà fait des dons aux sinsitrés haïtiens d’une manière plus directe ?
Pour le site technologique Techdirt, la RIAA accuse des sites comme Torrentz, qui ne stockent même pas des fichiers “torrent”, tout en épargnant Google, où les pirates font le plus de recherches pour retrouver les fichiers à télécharger.
Ce qui rend la position de la RIAA encore plus hypocrite, d’après ces sites, c’est que des albums humanitaires comme “We Are The World” ont rapporté beaucoup à l’industrie du disque et à ses entreprises connexes. Ce qui pourrait se traduire tout aussi bien par « voler les Haïtiens».
Ainsi la compagnie Columbia Records a obtenu de bons résultats avec la sortie de la première version de "We Are The World", dont elle récolte encore les bénéfices genérées par les droits qu’elle détient. En outre, des chansons, telle "Do They Know It's Christmas?", se sont retrouvées sur des albums compilation. Opération dont les organismes de bienfaisance n’ont sans doute jamais vu un sou vaillant, concluent ces sites.
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