Raconter et montrer la vie des personnes handicapées en Haïti. La mission du blog « Mwen Pa Fou », sous la houlette de l’association l’Arche, a trouvé tout son sens depuis le séisme du 12 janvier dernier. Et renforcé la vocation de son chroniqueur-photographe, Jonathan Boulet-Groulx
« Na p tounen a gòch.
– D’accord, je tourne à gauche.
– Non, non ! A gòch !
– Mais, c’est ce que je fais !
– A gòch la.
– Ah ! À droite.
– Wi, la.
– O. K… mais ça, c’est ta gauche, pas la mienne. »
Jonathan Boulet-Groulx, originaire du Québec, parlait heureusement déjà le créole quand il s’est installé en Haïti en mai dernier. Cela ne l’empêche pas d’être victime de temps à autre de petits malentendus linguistiques et drolatiques qu’il aime à rapporter sur son blog « Mwen Pa Fou », « Je ne suis fou » en créole.
Hébergé sur le site de la branche canadienne de l’Arche, association chrétienne fondée en France en 1964 afin d’aider les personnes ayant un handicap mental, le blog a plusieurs missions : « Informer sur la situation en Haïti des “amis”, c’est-à-dire des personnes handicapées, les personnes les plus vulnérables qu’on oublie en premier, qu’on oublie toujours », explique le blogueur.
Âgé de 25 ans, Jonathan Boulet-Groulx perpétue l’œuvre de l’Arche-Canada en Haïti, sous le titre de « chef de revalorisation du travail ». À sa charge, deux ateliers permettant d’assurer l’autosuffisance à 25 « amis » qui produisent des meubles et de l’huile d’arachide.
Jusqu'à 1000 visiteurs par jour après le séisme
Financé par l’Union européenne sur deux ans, le projet se veut permanent. « J’essaye de mettre des gens responsables dans tous les départements, ils doivent s’approprier ce projet, » confirme Jonathan Boulet-Groulx, content de rester une deuxième année afin de parachever le passage de flambeau.Le jeune Québécois part tous les jours dans les îles trouver de nouveaux contrats avec toujours dans sa besace son appareil photo, un micro, une petite caméra et un calepin qui quitte rarement sa main. Objectif : nourrir le blog.
Le récent séisme a jeté une nouvelle lumière sur son travail. Devenu une véritable source d’information sur la situation des handicapés sur place, le taux de consultation du site a atteint jusqu’à 1 000 visiteurs par jour en janvier.
Jonathan Boulet-Groulx se trouvait loin de Port-au-Prince au moment du tremblement de terre, mais a cependant vécu la tragédie de l’intérieur. Et tient à délivrer un message d’espoir. Jamais la question de partir ne lui est venue à l’esprit. « Je suis vraiment là où je dois être et je fais ce que je dois faire, résume-t-il. C’est la beauté de ma vie en ce moment. »
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