« Pour ne pas oublier… », le titre du blog lancée en 2008 par Jean-François Labadie, Québécois installé dans la banlieue de Port-au-Prince, a pris une autre signification depuis le séisme du 12 janvier
Capture d'écran du blog de Jean-François Labadie
« Si les rues ayisienes (haïtiennes en créole) débordent de sourires et de bruits de manière générale, on a senti toute la journée un profond silence déambuler sur les trottoirs. La sérénité d’une population sur qui la chance ne s’est jamais fait un siège un tant soit peu confortable. » Jean-François Labadie est un conteur qui s’ignore. Plume élégante, dignité et précision du récit : son blog mériterait d’être publié tant son témoignage est fort et poignant.
Lancé en 2008, le site de ce quadragénaire québécois, qui travaille en Haïti pour l’unité de santé internationale de l’université de Montréal, était destiné à livrer des impressions sur son séjour à Pétionville, dans la banlieue de Port-au-Prince.
« Je n’étais pas sûr qui de Dieu ou du ‘‘si’’ avait plus d’importance dans l’expression ‘‘Si Dye vle’’ (BDLR : Si Dieu le veut en haïtien), écrivait-il en décembre 2008. Le ‘‘si’’ réfère à une éventualité, implique une dimension future ou possible. Il me semble effectivement difficile pour le peuple haïtien de se projeter dans l’avenir. Le futur simple n’existe pas dans la langue créole. »
Il livre cependant des anecdotes étonnantes sur l'après-séisme : « Des gens appellent des gens et on raconte des histoires qui feront la une de tous les médias. La plus sympathique est celle d’un petit camion téléguidé qui s’est mis à bouger aux pieds de parents anxieux devant les restes de leur maison. Ils venaient de comprendre que leur fils n’était pas décédé sous les décombres. »
L’événement a comme aiguisé ses talents d’observateur. « La vie refait quand même surface, comme si les 32 coups d’État et les quelques centaines de cyclones qui sont passés sur l’île depuis 200 ans, avaient entraîné cette population à faire face à tout. À n’importe quoi. »
Stéphane DREYFUS
« Si les rues ayisienes (haïtiennes en créole) débordent de sourires et de bruits de manière générale, on a senti toute la journée un profond silence déambuler sur les trottoirs. La sérénité d’une population sur qui la chance ne s’est jamais fait un siège un tant soit peu confortable. » Jean-François Labadie est un conteur qui s’ignore. Plume élégante, dignité et précision du récit : son blog mériterait d’être publié tant son témoignage est fort et poignant.
Lancé en 2008, le site de ce quadragénaire québécois, qui travaille en Haïti pour l’unité de santé internationale de l’université de Montréal, était destiné à livrer des impressions sur son séjour à Pétionville, dans la banlieue de Port-au-Prince.
« Je n’étais pas sûr qui de Dieu ou du ‘‘si’’ avait plus d’importance dans l’expression ‘‘Si Dye vle’’ (BDLR : Si Dieu le veut en haïtien), écrivait-il en décembre 2008. Le ‘‘si’’ réfère à une éventualité, implique une dimension future ou possible. Il me semble effectivement difficile pour le peuple haïtien de se projeter dans l’avenir. Le futur simple n’existe pas dans la langue créole. »
"La vie refait quand même surface"
« Pour ne pas oublier… », le titre du blog de Jean-François Labadie, a pris une autre signification depuis le séisme du 12 janvier et lui a assuré une renommée involontaire. « Mon blogue, normalement visité par une quinzaine de personnes par jour, a reçu plus de 3 500 visites aujourd’hui ! Des journalistes de la France et du Québec veulent m’interviewer pour m’entendre dire que j’ai eu peur, que des morts jonchent les trottoirs, que les buildings se sont effondrés. Tout ce que tout le monde sait déjà ! Drôle de commerce », commente-t-il.Il livre cependant des anecdotes étonnantes sur l'après-séisme : « Des gens appellent des gens et on raconte des histoires qui feront la une de tous les médias. La plus sympathique est celle d’un petit camion téléguidé qui s’est mis à bouger aux pieds de parents anxieux devant les restes de leur maison. Ils venaient de comprendre que leur fils n’était pas décédé sous les décombres. »
L’événement a comme aiguisé ses talents d’observateur. « La vie refait quand même surface, comme si les 32 coups d’État et les quelques centaines de cyclones qui sont passés sur l’île depuis 200 ans, avaient entraîné cette population à faire face à tout. À n’importe quoi. »
Stéphane DREYFUS
(Source: www.lacroix.fr)
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